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Comment l’idée de devenir recruteur a germé ?

 

En premier lieu, je souhaite remettre en contexte.

Nous sommes à la fin des années 1980, j’ai entre 10 et 15 ans.

A cet âge-là, je n'ai pas en tête de devenir entraineur, recruteur, agent ou autre chose en lien avec le foot car je ne souhaite qu’une chose : avoir ma chance pour devenir joueur professionnel.

Et je parle bien d’avoir ma chance... Étant en région parisienne, je sais déjà que la concurrence est rude et qu’il ne s’agit pas d’aller taper à la porte du Paris Saint Germain ou du Racing pour que ça marche tout seul. J’ai juste envie de me frotter aux meilleurs pour savoir si c’est possible ou non.

 

Certains lecteurs ne seront sans doute pas toujours d’accord avec ce que je vais exposer par la suite, mais essayez de garder à l’esprit ceci : notre ligue 1 comporte 20 équipes de 11 joueurs titulaires chacune ; nous avons donc 220 joueurs chaque week end qui représentent le plus haut niveau du football sur notre territoire.

Pensez-vous réellement que ces 220 joueurs sont tous les meilleurs joueurs aptes, non blessés, en France à leur poste ?...

 

Pour être repéré, je n’ai pas beaucoup de solutions en vue, il faut :

- être bon en match => et à chaque match, puisqu’en règle générale on se loupe le jour ou un recruteur est au bord du terrain,

- être travailleur aux entrainements => dans tous les domaines (les recruteurs se déplacent aussi lors des entrainements pour observer),

- être, de préférence, dans un club reconnu du coin (les clubs « blacklistés » ne sont pas une légende !!),

- avoir la chance que le coach me choisisse pour m’envoyer en détection (pour le coach pas très objectif, on passe après son fils ou celui du président qui ne sont pas meilleurs).

 

J’ai tout de même réussi à remplir ces conditions…. une seule saison pour dire vrai, et c’est là, sans vraiment le savoir, que ma réflexion débute !

 

Pendant cette phase de détection, j’ai réussi à passer quelques tours au cours desquels j’ai été confronté à un système obscur.

J’ai évolué avec des joueurs incroyables pour l’âge que nous avions mais très peu sont parvenus à réussir (cela se compte sur les doigts d’une seule main et certains n’auront même que quelques matches pro à leur actif). J’ai même vu des joueurs bien au-dessus de mon niveau ne pas être retenus (je ne suis pas allé au bout des sélections non plus, mais j’avais été conservé au-delà de leur éviction).

Mon interrogation sur la manière de sélectionner les « meilleurs » commence ici, mais n’a pourtant germé que depuis quelques saisons seulement car étant moi-même dans la boucle, je ne pensais qu’à passer des tours en laissant les autres sur la touche.

 

Ne vous méprenez pas, ce n’est pas un regret d’avoir été sélectionné à chaque tour alors que d’autres étaient sûrement plus doués que moi et laissés sur le côté, mais avec du recul je me dis que cela se résume à des choix de quelques personnes sur la base de critères opaques et sans grande objectivité.

Je ne dis pas non plus que les joueurs pris étaient des joueurs de seconde zone, mais ces choix qui ont été faits résonnent aujourd’hui en moi comme une injustice pour ceux qui auraient dû être sélectionnés.

J’enfonce le clou en précisant de nouveau que je ne l’ai fait qu’une année et que si cela se passe chaque fois de cette façon, il y a fort à parier que de très bons joueurs restent à quai sans avoir leur chance.

 

J’ai également constaté que certains joueurs intégraient la détection plus tard que les autres, exemptés des premiers tours. Certaines places sont « réservées », de l’aveu même des personnes en charge de faire les choix sur le bord du terrain. Sous prétexte qu’ils avaient été bons et pris la saison précédente, la place était acquise la saison suivante. Par déduction, les joueurs, même excellents, évoluant au même poste n’avaient aucune possibilité de figurer parmi les élus.

 

 

Quelques années plus tard, vers la fin des années 2000, je suis coach d’une équipe de benjamins dans la région girondine. Je vais constater que les choses ont légèrement changé sur la forme mais que le fond reste le même.

Un samedi après-midi comme un autre, nous recevons notre adversaire du jour et notre équipe s’impose très nettement. Comme on peut le voir régulièrement dans les niveaux inférieurs, l’écart entre les deux équipes est criant et aucun des joueurs adverses n’attire mon attention. L’équipe dont j’ai la charge n’est pas la plus forte du championnat de brassage local mais ledit adversaire est dernier avec quelques défaites lourdes voire très lourdes.

Quelques semaines après, deux joueurs de mon effectif sont sollicités pour la détection locale du comité de Gironde. Le choix des joueurs à observer n’est plus laissé aux coaches mais aux techniciens du district ou de la ligue qui sillonnent les terrains. De mon point de vue, c’est une bonne avancée.

Je me suis rendu à la sélection en toute discrétion pour observer comment mes 2 joueurs s’en sortaient et je constate que cette sélection de joueurs comportait des éléments de cette équipe largement battue quelques jours plus tôt. Dans les faits, rien de grave, ni de choquant car des joueurs peuvent se révéler à diverses occasions, et que je pars du principe que chacun peut avoir sa chance.

Quand la liste des joueurs retenus est sortie, 2 joueurs de cette fameuse équipe restaient encore en lice alors que leur prestation avait été à l’image de ce qu’ils montraient en championnat, à savoir en dessous d’autres joueurs présents. Je me suis une fois de plus retrouvé face à une incohérence quant aux choix faits mais je n’ai pas été surpris de voir que l’entraineur de cette équipe était également membre du district. Ce genre de passe-droit est, pour moi, inacceptable, nous sommes restés dans l’ère de ce que j’appelle le « copinage », du type tu n’as pas le niveau mais tu restes… sur un malentendu, ça peut marcher…

 

Autre époque, autre région mais méthodes identiques ou l'on tente de placer ses protégés aussi peu doués soient-ils.

 

 

Encore une fois, il est possible que certains d’entre vous ne soient pas en adéquation avec ce qui est relaté ici, mais pour ma part, le constat est sans appel : dès l’instant où sont mises en place des instances (sûrement qualifiées) pour sélectionner les joueurs, tout doit être transparent et objectif, mais il y aura toujours des hommes derrière qui tenteront de faire passer des joueurs moyens pour des « cadors ». Mon discours peut être tordu en prétextant n’avoir jamais vu ou entendu de telles pratiques mais repensez à la question du début de récit et prouvez-moi que les meilleurs joueurs sont tous sur les terrains des équipes professionnelles nationales ou régionales.

 

Le football est le sport le plus populaire en France, j’aspire donc à un sport ou chacun aurait sa chance de manière objective et puisse jouer au niveau qui est vraiment le sien. C’est pourquoi j’ai décidé de me lancer en tant qu’indépendant dans le métier du recrutement, afin d’aller dénicher les joueurs qui pourront aider les clubs à atteindre leurs objectifs, peu importe le niveau. Un très bon joueur de régionale 2 ou 3 peut apporter un plus à une équipe de régionale 1, comme un joueur de district peut s’éclater dans un championnat de ligue.

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Nul n’est infaillible et je passerai certainement à côté de vrais talents, mais j’aurai toujours ma conscience pour moi et je privilégierai le choix qui me paraitra le plus juste et judicieux. Il existe d’autres façons de trouver des joueurs qui peuvent aider à la réalisation d’objectifs que d’entasser les joueurs sur un terrain pour essayer de déterminer qui est bon ou pas. Le talent est bien souvent caché là où on ne s’y attend pas forcément, et c’est sur ce terrain que je souhaite aller.

Mon travail se veut axé sur ce qui va améliorer l’équipe dans le système tactique qu’aura choisi l’entraineur. Trouver les joueurs qui vont apporter un vrai plus à l’effectif sur des postes déficitaires.

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C’est dans cet esprit que je veux aider les clubs qui me feront confiance.

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